LGV PACA: le projet ne passera pas dans le vignoble bandolais…

La priorité est désormais donnée aux besoins en transport de proximité des habitants. La ligne à grande vitesse reléguée au second plan. 2023 reste date de mise en service officielle

Tenture bleue, plafond blanc et nappe rouge le décor dressé hier, à Marseille, pour la conférence de presse donnée en ses murs par le préfet de région se prêtait à un enterrement de première classe : celui de la ligne à grande vitesse-Paca, tant décrié par une partie des habitants et des élus de la région.
Mais Hugues Parant ne s’est pas senti l’âme d’un ordonnateur des pompes funèbres. Seul face à des journalistes venus en masse, il a assuré qu’au terme d’une concertation longue de soixante-douze réunions, le projet n’était pas mort, qu’il bougeait encore mais qu’il devait changer de philosophie.

La concertation a-t-elle fonctionné ?

Malgré plusieurs réunions dans le Var qui parfois ont « pris un tour violent », désapprouve Hugues Parant, Réseau ferré de France (RFF), « a récolté énormément de matériau » lors de cette « première phase de concertation ». La seconde phase a été engagée hier. Elle ne passera pas forcément par de nouvelles réunions publiques. « Le temps de la concertation doit être dépassé au profit d’une analyse réaliste ».

La nouvelle logique

« Partir des préoccupations de nos concitoyens » pour « arriver à la grande vitesse » dans un second temps. Le calcul politique est le suivant : des dizaines de milliers d’habitants souffrent chaque jour de « thrombose » : l’engorgement du trafic automobile et la saturation du réseau ferré. Les pouvoirs publics veulent les mettre de leur côté, face aux anti-LGV « qui ont leur légitimité mais ils ne sont pas la seule voix ».

Les fuseaux pincés

« Il n’est pas dit que la ligne sera à grande vitesse partout ». Les quatre scénarios qui ont servi de base de travail ne sont pas reniés. Seules « les solutions qui à l’évidence n’ont pas de sens sont abandonnées ». Les techniciens vont « pincer les fuseaux ». Autrement dit, ils vont réduire au maximum les bandes passantes possibles pour ne pas effrayer les populations à quatre kilomètres à la ronde, le long des tracés étudiés. À l’inverse, ceux qui se retrouveront l’an prochain au cœur de ces fuseaux pincés devront s’en inquiéter. D’ici le mois de juillet, le projet doit être retravaillé en vue « d’un choix plus présentable », d’abord aux comités territoriaux présidés par les préfets dans le Var, les Alpes-Maritimes et les Bouches-du-Rhône, puis par le comité de pilotage. Conclusion : « Il reste beaucoup à travailler, notamment pour RFF ». Un nouveau nom sera donné à ce projet de LGV-Paca.

Ce qui ne change pas

Il y aura forcément de la grande vitesse sur ce réseau de l’avenir. Pour des raisons financières mais aussi parce que l’objectif reste de rapprocher dans le temps Nice et Marseille, quitte à rouler à 200 kilomètres/heure et pas davantage.
Le tracé des Métropoles n’est pas remis en cause : seul le gouvernement pourrait annuler cette décision.

Sur quoi ils sont d’accord

Tous les membres du comité de pilotage sont d’accord… pour dire « que la présentation » de ce dossier « n’a pas été la bonne dès le départ », ce qui nécessite de « remettre les choses en ordre ». Consensus encore pour que le tronçon Nice-Vintimille soit « partie intégrante du projet global ».

Avec quoi ils ne sont pas d’accord

Pas de passage au milieu du vignoble de Bandol ni de nouvelles voies en centre-Var, dans le sillon permien. Il n’y aura pas non plus de gare à l’Est de Toulon.

Les autres pistes de travail

Choisir d’implanter la future gare LGV au centre ou à l’ouest de Toulon. Autre inconnue : où faire passer le futur train plus ou moins rapide dans le sillon permien sans causer de nuisances ?

Le financement

La mission de financement a fait chou blanc. Le rapport de Yves Cousquer qui devait être présenté hier est resté dans les cartons. Il sera désormais plus facile « d’expliquer à un élu qu’il faut financer l’ensemble du projet » et pas seulement une ligne à grande vitesse inutilisée par ses concitoyens. Les euros de l’Europe pourront être récoltés si les mots « grande vitesse » et « amélioration du fret » restent en toile de fond du dossier.

Source: Nice Matin

DEPOSEZ UN COMMENTAIRE SUR CET ARTICLE